29/01/2012

Des frissons dans l’étang

C’était un samedi un peu frais, un peu venteux, un peu hivernal. Binômette était prête et moi j’étais en retard comme souvent.
Voilà voilà... On y va, je te suis, mais à côté de toi !


L’ambiance est un peu verte, mais bien moins qu’en été, quand l’étang de Thau prend sa couleur menthe à l’eau.

Nous ne savions pas encore quelles aventures terribles nous attendaient. Car la plongée commença tranquillement, à admirer les bouquets «fleuris» de spirographes que je ne pouvais pas cueillir et offrir à binômette.


L’ambiance devint un peu moins bucolique quand nous rejoignîmes les premières épaves de voitures.


De celles que je connaissais par une plongée faite l’an passé, il ne restait plus grand chose, car elles s’étaient enfouies dans la vase mouvante. Et d’autres véhicules leur avaient succédé.

Mais j’oubliais vite cet univers de dépotoir cauchemardesque pour me reporter sur la vie magnifique de ce site. Même en cette saison, c’était un régal pour les yeux.

Il y avait les belles doris marbrées qui se mélangeait aux salades marines...


... Ou bien qui goutaient les sacs plastiques ; est-ce bien meilleur que la salade ?


Et les nasses réticulées avec leur petite trompe d’éléphant, escaladant les salades aussi...


... ou bien errant au milieu des sables mouvants, entre deux salades !


Et il y avait binômette, qui me surveillait, pour que je ne remue pas trop la vase avec mes palmes !


Et puis il y avait de minuscules étoiles de mer immobiles, faciles à photographier.


Les petites élysies me paraissaient bien dodues ; la salade leur profite bien !


Nous nagions palmes en l’air...


... dans le style inimitable de la grenouille...


Tout va bien ?


Mais nous continuions, à la recherche des autres beautés de l’étang. La plongée ne faisait que commencer, et nous étions à mille lieues de prévoir ce qui allait arriver...


Par exemple, les bouquets de milliers de clavelines brillaient sous les feux de nos lampes.


Nous rencontrâmes alors un nudibranche flamboyant, qui ressemblait un peu aux godives oranges, avec des teintes plus pastels merveilleuses.


Il avançait assez rapidement, en balançant ses deux antennes, en faisant onduler sa toison d’or.

Mais à peine quelques mètres plus loin, un autre spécimen semblait prendre la même direction...


Nous continuâmes quand même notre promenade, à contre-sens de la marche des nudibranches. SI nous avions su...

Mais binômette aperçut un beau petit hippocampe enlacé autour d’un ancien spirographe. Voilà un beau sujet pour sa caméra !


Mais le petit hippocampe ne fut pas coopératif et il piqua du nez dans la vase !

Nous continuâmes, tranquillement, dans quelques mètres d’eau, notre ballade hivernale.


Un autre nudibranche flamboyant se hâtait pour une raison qui nous dépassait.


Pas si vite, je veux prendre une photo !

Celui-là allait un peu moins vite, et le fond de vase était bien dégagé, parfait pour la photo !


J’admirais comment la nature reprenait le dessus, et c’était un peu d’espoir au milieu de ces déchets humains.


Mais soudain, je me trouvai face à un monstre informe plein de pattes et de pinces ! Etait-ce lui que fuyaient les petits nudibranches ?


Ne cherchant pas la bagarre, je voulus le contourner, mais il ne me laissait pas passer !


Et c’est ainsi que je fus dévoré par l’araignée géante de l’étang de Thau.

Amis plongeurs, méfiez-vous des prédateurs tapis dans la vase de l’étang !

20/01/2012

À la péniche

Les Dauphins Catalans sont prêts pour les sports d’hiver. Nous voilà partis de Saint-Cyprien pour une épave peu commune ; du moins en ce qui me concerne, ce sera une première. La température extérieure est fraîche en ce début de matinée : près de 0°... Le pont du bateau est même recouvert d’une fine couche de glace.




La sortie du port révèle une mer calme d’un bleu profond, avec une toute petite houle, juste assez pour bercer notre pilote Rodolphe durant la longue attente de la remontée des palanquées.


Je suis tout excité à la perspective de plonger sur le site de la péniche ; site que je pensais connaître, et puis lors du briefing je m’aperçois qu’il s’agit d’un site nouveau pour moi.

J’ai le plaisir de plonger avec Hervé et Catherine ; nous trois formons une palanquée multimédia : Hervé a un appareil photo, Catherine une caméra vidéo, et moi un appareil photo à la main et une petite caméra vidéo vissée sur la tête. Enfin, pas vraiment vissée, ça ferait bobo.

Rodolphe jette une gueuse à l’eau afin de repérer le site ; nous partons presque les derniers, l’eau à 13° paraît agréablement tiède. Il y a un faible courant qui ne nous oblige pas à nous agripper à la gueuse. Nous atterrissons après une lente descente sur un fond de vase... La visibilité est moyenne, l’eau est verte, mais on ne peut pas être trop exigeant en ce mois de janvier ; une forme sombre apparaît non loin, et Hervé nous y mène d’une palme sûre.




C’est une structure formée de barres verticales et horizontales, d’environ 4 m de hauteur et de largeur, du double en longueur ; elle est recouverte de concrétions, de nombreuses éponges, et il est difficile de dire ce qu’il y a en dessous... Du béton ?


Au fond, il n’y a presque plus de courant ; un petit filet couvre une partie de la structure. Une belle godive orange se pavane et attire notre attention.



Je me rapproche un peu, en faisant attention au filet ; si j’y touche, la godive va valser !



Les autres plongeurs sont invisibles ; ils ont dû partir sur l’autre structure ou sur l’épave. Je commence à explorer les recoins de ce mini site. Un amoncellement de coquilles vides trahit la présence d’un poulpe timide.


Sous une poutre, une ponte se balance doucement dans les flots.


Une ponte de ? poulpe ? non ! Seiche ? non ! Calmar ? Oui ! Mais pas de calmar en vue... Ce sont des visiteurs plutôt nocturnes.

Mais Super-Catherine a déniché une autre godive orange, qui joue à l’équilibriste.



Elle est aussi belle que la précédente.



J’en vois partout autour de moi...



Celle-là fait la causette à une petite rascasse : mais d’où sortent toutes ces bulles ?



La blennie boudeuse me tourne le dos, mais sa copine la godive n’est pas aussi timorée.



Hervé nous guide ensuite vers la seconde structure, qu’on devine presque depuis la première. Tout aussi fantomatique, elle ressemble beaucoup à la première.



Une petite rascasse s’y prélasse aussi.



Ah ben non, elle est déjà partie !
D’autres nudibranches se laissent photographier, ils n’ont pas le temps de fuir comme la rascasse. Voilà une flabelline mauve pour commencer le festival.



Et puis deux flabellines d’Ischia





Mais mes sujets photographiques préférés sont les petites blennies ; voilà la concierge de ce microcosme, nichée dans une huître.


Mais le temps passe vite, voilà déjà 32 mn que nous sommes là à admirer godives, flabellines et blennies. Hervé nous indique la direction de la troisième zone du site, celle où il y aurait des congres monstrueux à en rêver la nuit... Mais nos ordinateurs affichent déjà 9 mn de paliers ; nous décidons de remonter, nous reviendrons une autre fois chatouiller les congres.

Nous ne cherchons pas la gueuse, et remontons en pleine eau. Catherine a replié le double éclairage de sa caméra.


Mais Hervé vérifie ses flashs...


Il a été décidé en surface que j'aurais l'honneur de lancer le parachute de signalisation ; on va essayer de ne pas s’emmêler les ficelles : celle du phare de plongée, celle de l’appareil photo, et celle du parachute ! Hervé voudrait m'immortaliser embobiné ?


Voilà...
On n’a plus qu’à patienter, en admirant les rayons du soleil hivernal à travers le filtre des vagues. On sent de nouveau le courant qui doit nous faire dériver... Va-t-on ressortir à plusieurs km de la côte ?


Non, car le bateau nous a suivis, car nous étions les derniers. Qui a dit «comme toujours ?»

Pour finir, je vous propose un petit jeu ; sans relire cette histoire, pouvez-vous me dire combien de godives oranges ont été photographiées ?
Si comme moi vous ne pouvez pas, c’est que vous êtes aussi narcosés en surface. Vivement qu’on retourne à l’eau !

08/01/2012

Plongée dans le vent

Pourriez-vous résister à une sortie plongée qui se terminerait par une dégustation de galettes des rois ? Seriez-vous aussi gourmand que moi ? Mais non, épicurien est le mot juste qui excuse notre gourmandise.

Excusez-moi, vous attendiez peut-être une histoire de plongée ?

Il était une fois, ou plutôt un dimanche 8 janvier plus précisément à 9h, un bateau de plongée, navigant par tramontane de force 8 sur une Méditerranée ma foi pas trop démontée. Les plongeurs finissaient de s’équiper dans la partie cabine du navire.


Il y avait Aurélie, l’organisatrice de la dégustation de galettes, courageusement en combinaison humide pour mieux éliminer les calories des prochaines galettes.


Il y avait Christian le pilote qui affrontait le soleil et les vagues avec le sourire.


Et puis il y avait les autres plongeurs, que je ne vais pas détailler, ils ne m’en voudront pas. Nous prenions la direction du cap Béar, pour nous mettre à l’abri de la houle et du vent.


Une fois sur le site, la Llose (ou sec Valenti), les plongeurs se dispersent rapidement dans les eaux sombres...

Mais qu’y a-t-il donc là-dessous en cette saison ? Mais toute la faune sédentaire reste ici en côte Vermeille bien sûr !
Nous pouvons admirer une nouvelle génération de poulpes minuscules...


Si je l’avais parfaitement cadré, vous l’auriez trouvé trop facilement sur la photo !
Et puis il y a des tout petits nudibranches, comme cette doris tricolore de 3 mm de long.


Les petits poissons isolés attendent devant leur tanière, comme ce petit gobie.


Ou bien celui-là, peut-être son cousin.


Il discute du programme télé avec sa voisine la blennie.


Le petit crénilabre se retourne devant l’objectif, il est tout timide...


En l’air, ou plutôt en l’eau, des bancs de petits poissons nous survolent.


Il y a vraiment beaucoup moins de plongeurs en cette saison. Mais je peux photographier ma binômette qui nous prépare de jolis petits films pour les longues soirées d’hiver.


Parfois, il faut passer des petits reliefs. Admirez le style.


Le site est constitué de nombreuses failles sombres, où se rassemblent des bancs de sars et de castagnoles.


Les monstres horribles dont c’est le repère se cachent à notre approche...

Nous parcourons vainement les fonds rocheux à la recherche du petit hippocampe que j’y avais vu en septembre dernier. Le temps passe vite, pour nous qui sommes bien au chaud dans notre combinaison étanche. Déjà 70mn, nous rejoignons l’ancre.


Il ne reste plus qu’à suivre le fil pour retrouver le bateau en surface...


Le bateau repart pour franchir le cap Béar en direction d’Argelès-sur-Mer. Cette fois-ci, nous sommes face au vent et aux vagues, et les plongeurs se rassemblent tous dans la partie cabine. On s’y croirait dans le métro parisien à l’heure de pointe !


Mais nous voilà rapidement arrivés au port, et là nous attendent les galettes des rois et des boissons énergisantes particulièrement adaptées aux plongeurs qui ont grand besoin de s’hydrater pour faciliter la désaturation.

Avec de telles matinées, on souhaiterait que l’hiver dure toute l’année. Non ? Bon, tant pis.