02/08/2010

Dans les brumes sous-marines

Le bateau de plongée filait rapidement sur les flots bleus, le long de la Punta de Montgo.


L'équipe de joyeux plongeurs catalans savourait d'avance le plaisir de la prochaine plongée.


Bientôt, ils se recueillaient dans une concentration psychique intense si indispensable, avant une plongée profonde...


****

Sous la surface, la lumière pénétrait sur une vingtaine de mètres, puis c'était la nuit noire et froide...
Qu'avait-il pu se passer ? Où était l'épave scintillante de lumière de mes souvenirs d'antan ?


Depuis que les plongeurs ne la visitaient plus, l'épave s'était peu à peu endormie, laissant le temps qui passe délabrer ses structures.


Le mât brisé s'était affalé sur le pont. L'avais-je vu dressé autrefois ? Peut-être pas.


Dans la brume, il ne menait nulle part...
Un gros treuil avait été abandonné, point de repère dans un brouillard de particules, entre deux cales.


Comme dans un rêve je suivais un groupe d'anthias et de quelques mendoles.


JR me suivait, à mes côtés, dessus, derrière, partout et nulle part à la fois.


Je retrouvais le même charme que lors de ces randonnées dans le brouillard où l'on savoure la solitude, où tout devient palpable, même les émotions.


Nous arrivions vers la proue, peut-être...


Là les particules semblaient se dissiper, peut-être moins de plongeurs nous y avaient précédés.


Ou peut-être m'habituais-je à l'obscurité... Que de doutes...


Pensif, JR contourna la proue, couverte d'un filet à petites mailles.
Dans ce filet, prisonnière, une belle flabelline mauve nous observait, princesse des lieux, se disant sans doute qu'un plongeur s'était encore empêtré dans son tulle.


Nous rebroussâmes alors chemin, revenant vers la poupe lentement. L'idée de continuer dans la brume, entre deux eaux, m'a tenté un instant, mais retrouverais-je l'épave ensuite ?


La base du mât était toujours là, nous étions bien encore sur la même épave, dans un univers encore rationnel.
Revoilà la machinerie qui ressemblait à un treuil.


Je me sentais bien, sur cette épave embrumée, qui n'osait pas dévoiler ses trésors à nos yeux.
Il faut certainement l'amadouer, la cajoler, avec tendresse, avec lenteur, avec amour pour qu'elle veuille se dévoiler un jour aux plongeurs de passage.

Nous devions la quitter en ne l'ayant aperçue que par fragments, notre imagination saura reconstituer ce rêve éphémère d'épave.

Après près de 20 mn dans l'obscurité, nous retrouvions la lumière presque oubliée.


Nous avions presque autant de temps pour admirer les rayons du soleil dans le grand bleu, lors de nos paliers, que pour visiter l'épave du Marmoler. Nous pouvions nous repasser à loisir en mémoire les images de cette plongée à l'ambiance si mystérieuse.


La légende raconte que pendant que je photographiais mes camarades, ceux-ci admiraient un gros poisson lune qui passait lentement dans mon dos...