10/04/2010

Le monstre du cap

Les iris sauvages et les orchidées fragiles fleurissent sur les rives des étangs, tandis qu'à l'horizon les dernières neiges du mont Canigou rayonnent dans le ciel d'azur.


Nul doute n'est permis : le printemps est bien là.

Et il est temps d'aller admirer les merveilles sous-marines, à l'abri de la Tramontane au sud du Cap Béar. Un rapide trajet nous mène de Port Argelès à l'Anse Sainte Catherine ; ici, la mer est aussi calme que l'étang de Leucate et j'en profite pour capeler mon bloc tranquillement dans l'eau, bientôt rejoint par les autres dauphins catalans qui préfèrent la bascule arrière.

Allez, on y va ! Heu, on n'y voit pas bien, là, quelqu'un a remué la vase avant notre arrivée ? Heureusement, sous le bateau, sur le coralligène à 20m de fond, la visibilité s'améliore. Nous y croisons quelques petites rascasses peu farouches.


Je m'inquiète un peu pour mon binôme Patrick qui plonge en combinaison d'été, sans gant ; il s'est rapidement recroquevillé sur lui-même, et lorsque je le regarde, j'en ai froid moi-même ! Geneviève qui nous accompagne aussi est ici dans son élément.

La faune semble avoir déserté l'endroit, pour laisser la place aux plongeurs ; tout autour j'entends des bulles, j'entrevois des silhouettes fantomatiques palmées...
Nous nous promenons sereinement dans des failles, où se cachent des petites langoustes au milieu des petites anémones jaunes.


Qu'est-ce qui peut effrayer tant les êtres sous-marins aujourd'hui ? Un petit triptérygion me laisse à peine le temps de le photographier.


Un petit poulpe monte la garde devant son antre.


Je porte mon attention sur les nombreuses dentelles de Neptune.


Avez-vous remarqué la petite larve en haut à gauche de la dentelle ?
Et sur celle-là, voyez-vous l'intrus ?


Mais si, là, il y a un tout petit crabe :


Je remarque aussi un minuscule nudibranche, une doris à papilles rouges.


Je le trouve si joli que je vous en offre un autre cliché.


Le temps d'un cliché, il a déjà avancé de quelques millimètres !

Après vingt minutes de plongée, je m'arrange pour repasser devant le mouillage pour demander à Patrick s'il veut continuer (j'ai l'impression qu'il claque des dents). Ben il veut continuer, alors je repars pour une boucle.

Geneviève me fait signe : elle a déniché une petite murène timide.


Dès le premier coup de flash, la murène disparaît au fond de son trou. La faune est vraiment timorée aujourd'hui, c'est étrange...

Nous croisons encore plusieurs palanquées. Je reconnais Didier, qui me fait signe de le suivre, et me montre une forme imprécise posée sur le sable.

Elle est là, qui m'attendait. Une créature monstrueuse remontée des abysses (je sais, on dit « benthique », mais le terme paraît moins dramatique).


Son œil malin ne perd aucun détail de la scène ; elle semble prendre son temps pour mieux choisir sa proie.


Inutile d'espérer fuir, la bête se sait invincible et elle me sourit de toutes ses dents acérées.


Je suis hypnotisé par son regard, je ne peux plus bouger, le drame est imminent et inéluctable.


Mais Didier vient furtivement la chatouiller sous les nageoires, et le charme maléfique est rompu.

Nous repartons alors vers le mouillage, laissant le monstre du cap dans l'attente d'une nouvelle proie.
Nous remontons en pleine eau, pas très loin du mouillage finalement puisque une fois aux paliers, j'aperçois la coque du bateau ; nous nageons alors vers le cordage du mouillage pour buller plus tranquillement.

Depuis cette sortie, chaque nuit, le monstre du cap revient hanter mes rêves de plongée... Le printemps sous-marin offre décidément d'étrange surprises.

02/04/2010

Belle plongée de mars

Dimanche matin ; la météo est superbe, c'est signe du retour des beaux jours ! J'ai rendez-vous avec des amis pour rejoindre le site des Roches bleues pour plonger avec mon club des Dauphins Catalans. J'arrive à Port-Argelès où je retrouve 3 amis, puis nous partons ensemble rejoindre le site de la plage de l'huile, à la limite des communes de Collioure et de Port-Vendres, où nous allons partir plonger du bord.

Me voilà arrivé au parking de la résidence des Roches bleues ; je suis presque le dernier arrivé, cette première plongée en mer du club a du succès. Après avoir salué l'assemblée des dauphins catalans, je m'équipe. Je n'ai pas ma tête à moi ce matin, je manque d'oublier mon masque dans la voiture. Les palanquées sont faites par Michel, directeur de plongée : je vais plonger avec Laurent, qui s'entraîne avec un nouvel appareil photo un peu encombrant...


Là, je suis vraiment en retard... Tous les autres plongeurs sont déjà à l'eau, je descends doucement la plage, je ne chausserai mes palmes que lorsque je pourrai flotter avec ma stab. De nombreux plongeurs courageux sont en combinaison humide, j'ai ma combinaison étanche dont j'apprécie le confort.


C'est bizarre, je ressens une infiltration dans le dos, au niveau des épaules... Je crois que j'ai oublié de faire fermer ma combinaison ! Mais où ai-je la tête ?

Je remonte sur la plage, décapèle et ferme ma combinaison avec l'aide d'un plongeur venu à ma rescousse. Je peux enfin rejoindre Laurent qui est en train de parfaire les réglages de son appareil photo, en surface dans 2 mètres d'eau.


La visibilité est assez correcte finalement, je m'attendais à bien pire, après ce que nous avions eu la semaine précédente sur ce site.


Nous avançons lentement, en prenant le temps d'observer la faune et la flore.


J'échange quelques signes de complicité avec Laurent : nous prenons le temps d'admirer et de photographier les planaires roses, nombreux, et les planaires blancs plus rares.


Nous sommes carrément largués par le groupe des autres plongeurs, à cette allure, nous ne sommes pas près d'arriver au coralligène. De nombreux spirographes se balancent dans les flots tranquilles et riches en alluvions.


Voilà de belles petites clavelines ; elles semblent respirer à fond ces eaux printanières riches en nourriture.


Voilà certainement un alevin, d'à peine plus d'un centimètre, il ressemble un peu à un triptérygion.


Il bouge peu, il doit compter sur son mimétisme pour passer inaperçu.


Mais continuons notre exploration, il serait temps de descendre en dessous de 10m !


Nous rencontrons des tylodines à chaque plongée à cette époque de l'année.


Il est rare de les trouver ailleurs que sur leur nourriture, (les éponges également jaunes Aplysina aerophoba).


Plus bas, aux frontières du coralligène, je désigne à Laurent une magnifique antiopelle.


Elle mesure environ 7 cm de long ; Laurent et moi nous partageons à tour de rôle ce magnifique sujet. Les flashs crépitent !


À 20 m de profondeur, la visibilité est nettement moins bonne.


Par moment, j'ai du mal à apercevoir mon binôme !


C'est ici le domaine des crustacés.


Je retrouve une blennie, un de mes sujets photographiques préférés ; celle-là se cache, mais je suis patient, elle va bien finir par montrer son petit bout de nez !


C'est bizarre, cette volonté qui me pousse à m'éloigner de cette mignonne blennie, cela ne me ressemble pas, d'habitude je suis plus patient que cela. Voilà que Laurent me signale qu'il a lui aussi déniché une belle antiopelle...




Nous revenons sur nos pas, il ne faut pas trop tarder si on veut arriver avant la fin de l'apéritif avec les autres dauphins catalans... Parfois, il y a des bons gâteaux !


Nous croisons quelques étoiles de mer, d'abord une petite astérine qui se dore au soleil printanier ...


Voilà que les étoiles glaciaires se cachent à mon approche ; seul un bras semble tâter le terrain. Est-ce une ruse ?


Une minuscule hervia aux couleurs vives se balance, au gré de la houle.


Nous remontons sur une dizaine de mètres de profondeur, mais il nous faut encore contourner une partie du cap au sud de la plage de l'huile. Le fond devient plat.


Laurent me désigne un poulpe près duquel j'étais passé sans le voir : les poulpes sont parfois tout raplaplas ! Cet énorme poulpe est à côté d'un trou qu'il semble ventiler à l'aide d'un de ses bras, peut-être y a-t-il sa ponte ?

Je me rapproche un peu, il n'a pas l'air effrayé, à moins qu'il ne soit très courageux !


Voilà que je frissonne, ça doit être le froid... vu que ma combinaison est un peu humide à l'intérieur au niveau des épaules !

On arrive enfin sur la zone des herbiers de posidonies, dans 4 m d'eau.

Une faune nombreuse s'y abrite, souvent des tout petits poissons, comme cette rascasse cachée entre les plantes.


C'est amusant, elle semble vouloir jouer, elle a un peu la même expression que mon chat quand il veut jouer à cache cache !

Nous arrivons enfin sur la plage déserte, après une heure et quart passée à patauger.


Laurent et moi remontons lentement vers le parking, en discutant d'antiopelles, de poulpes et de belles plongées futures. Que c'est beau la vie, comme chantait le poète Jean Ferrat...