21/06/2011

Le chat et l'évêque de Montjoi

Depuis le mini-golf, nous avions la meilleure vue.


C'était là que le poteau apparaissait, resplendissant, parfaitement vertical dans ce monde si peu géométrique. Cala Montjoi était le berceau de ce poteau légendaire...

Mais Cala Montjoi accueillait aussi la sortie annuelle du Dauphin Catalan, ce qui est en soi un événement de portée universelle. Manquerait-il un qualificatif à cet événement, nous nous satisferons d’immanquable, pour tout plongeur avide de sensations fortes et de bonne humeur. Mais revenons au début de cette aventure...

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Nous étions tous là pour plonger, avec le club plongée du village de vacances.


Vous étonnez-vous de cette simple cabane en bois ? Elle accueille pourtant les meilleurs plongeurs ou presque, à savoir les Dauphins Catalans ! Vous remarquerez qu'un bar n'est jamais bien loin d'un club de plongée.

Nous embarquons donc sur un gros bateau de promenade échoué volontairement sur la grève, dont les bancs ont été démontés pour laisser la place au matériel des plongeurs, en vrac.

Alors, prêts pour la photo de groupe ?


Mais ça, c'était avant. Avant cette première plongée extraordinaire sur le site d'El Gato (le chat, ne riez pas), côté Nord. Pour veiller sur moi lors de ce premier plouf, me voilà avec des binômes de prestige : Stéphane et notre président Guilhem. Le bateau s'amarre à une bouée de la réserve, la mer est plutôt agitée, malgré l'abri du site.


On commence tout juste, que je le sens un peu inquiet, Guilhem... J'ai bien écouté le briefing auquel je n'ai pas compris grand chose, alors on va suivre les poissons.


Guilhem a déniché un gros poulpe, un peu timide, mais il accepte la photo souvenir.


Le tombant est bientôt là, mais la visibilité me paraît bien médiocre. Mais les gorgones pourpres sont là, avec des polypes rouges ou blancs, quand on les éclaire.


Je perds rapidement tout repère dimensionnel : Stéphane nage-t-il sur le côté, ou bien longe-t-il un tombant vertical ?


Le tombant vertical est superbe, une ponte de nudibranche se perd au milieu des anthias innombrables.


Les mostelles nous tournent le dos : pas de photo aujourd'hui, je suis toute décoiffée.


Je fais remarquer à Stéphane de curieuses billes violettes, rattachées aux gorgones par des fils invisibles.


Quelques rares gorgones ont semé leur ponte au hasard des courants...


Nous voilà à -35m, mais les conditions de plongée ne sont pas extraordinaires, nous faisons demi-tour...
Je m'attarde, à admirer quelques flabellines et un planaire mauve.


Nous voilà sous le bateau, mais nous ne voyons pas le bateau ; quelques saupes jouent dans l'écume de la surface.


Des bancs immenses de sars se sont réfugiés contre la falaise immergée.


Après un petit palier et l'échange de quelques regards perplexes, nous émergeons ; le bateau est là, mais un peu plus loin que lorsqu'il s'était amarré ; d'ailleurs voilà un bateau de promenade qui lui passe à quelques encablures... Le voilà qui se rapproche et nous jette une amarre avec une grosse bouée ; chouette, on va jouer au tracteur !


Et la bateau recule, avec sa brochette de plongeurs qui s'agrippe à l'amarre. Au début, c'est très rigolo, mais très vite ça tire sur les bras. Résistant à l'envie de rentrer en capelé (quelques km ne me font pas peur, on a de l'entraînement au Dauphin Catalan), me voilà en train de remonter l'amarre à la force des bras.


Les plongeurs déjà à bord nous encouragent. Et me voilà bon dernier à taper des palmes contre la coque du bateau, en savourant les bouilles des copains qui me surplombent. Ce ne sont plus les mêmes expressions sur les visages que sur la photo de groupe prise avant la plongée !



On fait de la tragédie dans la bonne humeur.


Zut, j'ai une goute d'eau sur l'objectif qui masque Michel... Mais non, je ne me noie pas, je rince seulement l'appareil photo.


Bah, presque tout le monde est parti. Alors je rejoins l'échelle à la poupe avant que le bateau dont l'amarre a cassé ne se retrouve sur les rochers. Que d'aventures pour une première plongée... J'adore !

Après un retour tranquille, un repas plus ou moins copieux en fonction de la gourmandise de chacun, nous voilà prêts pour une seconde immersion sur le site d'El Bisbe (l'évêque). Me voilà seul avec Stéphane, qui en redemande, de l'aventure en ma compagnie !

Dès l'immersion, je déniche une murène timide, au visage renfrogné.


Elle me fait clairement la gueule. Je ne l'embête pas plus longtemps, je rattrape mon binôme.


Sur un premier plateau à -20m, le fond est recouvert d'algues filandreuses vertes ; elles sont emportées par le courant, elles sont soulevées par nos palmes... Mais elles disparaissent avec la profondeur. Nous rejoignons un merveilleux tombant, avec une multitude d'anfractuosités. J'y retrouve une belle murène, plus curieuse que la première.


De nombreux chapons se sentent débusqués par nos lampes.


J'avance mon petit appareil photo pour prendre une photo d'identité de cette autre rascasse mal rasée.


Nous remontons sur -15m, un bouquet de dentelles de Neptune nous surprend par ses dimensions.


Nous approchons d'un tombant en surplomb couvert de petites anémones jaunes. Un très gros mérou s'enfuit rapidement à notre approche. D'autres plongeurs nous précèdent et leurs bulles d'air sont prisonnières des roches.


Je trouve ces anémones très photogéniques, j'en offrirais à ma muse si j'étais poète.


Pourtant mon sujet préféré reste les nudibranches, mais ma muse apprécierait-elle des limaces, aussi colorées soient-elles ?


Nous terminons ainsi cette belle plongée, qui nous a bien plus ravis que la première. La visibilité n'était pas extraordinaire, à cause de la météo et du ciel sombre de ce samedi. Mais le lendemain allait nous offrir le plus grand des spectacles sous-marins...

Est-il utile de parler de la bonne humeur qui suivit cette première journée de plongée, au sein du club du Dauphin Catalan ?

Que pensez-vous qu'il se passât dans cette allée encombrée de plongeurs ?


Chacun se dévoue pour qu'il n'y ait pas de reste, mais l'entreprise semble insurmontable.


Nous ne nous attarderons pas non plus sur les aventures nocturnes de la nuit du samedi au dimanche, je n'en ai eu que les échos discordants dans une nuit ténébreuse, dans un brouillard d'embruns alcoolisés. D'autres vous livreront leur version romancée bien mieux que je ne le ferais. Je n'ai perçu que des cris et des bruits d'eau (pourtant il n'a pas plu).

Le lendemain, nous étions tous levés assez tôt pour la plongée de 8h45. Etant donné le nuit précédente, cela tient de la passion pour la plongée.

Nous voilà sur le site d'El Gato côté Sud, et aujourd'hui, la tramontane s'est bien calmée, la mer est presque calme.

Mes compagnons de plongée sont Stéphane et Virginie ; je vais enfin avoir un modèle féminin pour mes photos sous-marines !
Un banc de sars nous montre la direction à suivre ; la visibilité semble s'être bien améliorée.


Un plateau descend rapidement ; de nombreuses roches éparses, des trous, des poissons cachés...


Nous présentons une plongée de haut vol.


Nous arrivons près d'un mur vertical couvert de gorgones rouges (bleues sans la lumière des lampes).


Nous sommes à -35m, mais la lumière éclaire jusqu'au fond, situé une vingtaine de mètres sous nos palmes.
Nous montrons à Virginie quelques pontes de gorgones, encore rares.


De petites doris dalmatiennes se cachent dans cet univers vertical sans limites.


Nous prenons le temps de parcourir tout le tombant jusqu'à la pointe, puis dans le sens du retour, moins profondément. C'est magnifique, totalement irréel.


Un petit mérou s'est trouvé un petit nid dans la paroi verticale ; son mimétisme est étonnant.


Du côté du large, je vois passer d'abord deux barracudas, puis en voilà cinq autres, trop rapides pour moi, photographe amateur.


Un gros sar tambour s'éloigne à mon arrivée. Le paysage est flou, c'est parce que le sar va vite !


Une autre doris arbore son panache branchial délicat.


Nous voilà proches du bateau, nous nous rapprochons d'une zone protégé, presque entièrement entourée de roches, idéale pour effectuer quelques paliers.
Un spirographe se laisse approcher pour la photo.


La lumière semble tamisée, comme à travers les vitraux d'une cathédrale. La plongée se termine en boucle, par un banc de sars, qui semble me montrer la direction du retour.


Cette dernière plongée était pour moi la plus belle de ce séjour, en grande partie grâce aux conditions de mer et de luminosité.

Ce fut un excellent week-end ; je n'ai peut-être pas assez d'ancienneté aux Dauphins Catalans pour en juger, mais il me semble que ce fut un séjour du meilleur cru, pour garder un vocabulaire commun avec les différents apéritifs qui ont meublé les entre-plongées.

Quels souvenirs garder de ce week-end ?
Des nouveaux diplômés, des sars, des mérous, des nudibranches, des gorgones et leur ponte, des chapons, une pêche aux plongeurs par un bateau de promenade, un esprit bon enfant et épicurien, l'expression tout simplement de la joie de vivre.

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