25 juin 2009
21h15
D’étranges silhouettes palmées déambulent sur la plage de l’huile, dite des Roches bleues, à Collioure.
La fine équipe des Dauphins catalans est prête à faire trempette...
La vue de l’horizon marin au crépuscule appelle à la contemplation ; mais descendons doucement sous la surface...
L’herbier de posidonies est étrangement calme ; des petits bancs de girelles finissent leur ronde avant la nuit. Sur le sable, quelques seiches semblent immobiles, en suspension à quelques centimètres au-dessus du fond.
Elles restent dans très peu d’eau ; peut-être en sortiront-elles dès que nous leur aurons tourné le dos.
La faune diurne se repose déjà, un œil encore ouvert parfois...
Ce sont essentiellement des petits poissons, rascasses, gobies, tryptérigions, blennies, fatigués de leur journée de natation.
Les plus timides se planquent dans un petit trou pour la nuit, à l’abri des prédateurs et des importuns.

Une grande quiétude s’empare de moi, simple plongeur tant bien que mal adapté à l’univers sous-marin. Calme. Volupté. Les sensations en plongée de nuit sont magnifiées.
Quelques flabellines infatigables s’exercent aux acrobaties nocturnes.
Les anémones semblent s’animer la nuit venue ; leurs bras tentacules brassent les eaux lentement, au rythme des marées sous-marines invisibles.
Le peuple à antennes et à pinces sort de ses repères.
D’abord les petites cigales allument leurs yeux rouges comme des petits phares.
Les bernards l’ermite se serrent la pince.
Les galathées s’essayent à la varappe en position renversée.
Mais qu’est-ce qui rend ce peuple nocturne si paisible ?
Qu’est-ce qui permet à bébé poulpe de dormir tranquille, lové comme un chaton ?
C’est la présence du gardien.
Tremblez, vous qui n’avez jamais croisé le gardien de nuit des fonds marins des Roches bleues ! Il a droit à notre respect, celui dû à son grand âge vénérable, celui dû à sa force et à sa grande taile, et celui dû aux grands sages de l’univers marin.
Il est là, immobile, imposant, à quelques mètres de nous.
Au début, on a envie de crier «Maman !»
Mais l’impassibilité du grand poulpe nous fait penser qu’il va se laisser approcher par nous, adeptes de la religion du respect du monde sous-marin, voici notre gourou dans toute sa splendeur.
Tout près de lui, nous ressentons son aura quasi divine. Le royaume de Poséidon sait choisir ses dignes représentants.
L’énorme poulpe échange avec nous un regard plein sagesse ; il nous invite à repartir, à le laisser poursuivre sa méditation tranquillement. Je ne suis pas près d’oublier le regard et la posture de ce poulpe.
Nous nous éloignons et rejoignons le rivage.Il est 22h20 quand nous sortons de l’eau. La nuit est très sombre, il n’y a presque pas de lune. Un délicieux gâteau au chocolat nous attend pour nous remettre de nos émotions. Miam !