10/02/2011

Le jour où l'on plongeait avec les monstres de la mer

Dans le cadre de notre émission sur les débuts de l'internet sur Terre, nous vous présentons un vieil article d'un blog créé il y a plus d'un siècle...

En cette matinée ensoleillée, un dimanche hivernal aux senteurs printanières, une activité inhabituelle perturbe la tranquillité de l'anse de l'huile...


Tandis que des galériens s'entrainent à la rame sur les eaux tranquilles de la Méditerranée, les plongeurs du Dauphin Catalan s'apprêtent à visiter les fonds sous-marins.

Il apparaît que l'esclavage n'était pas encore aboli à cette époque lointaine ; on obligeait des gens à ramer pour propulser des navires flottants.



Pour quelques-uns, il s'agit d'entrainement aussi, dans une eau frisquette à 8° en profondeur, il faut être soit très peu frileux, soit très motivé pour passer un brevet de plongée en mer en cette saison. Il y a aussi la possibilité d'être un peu barge, mais on ne va pas la retenir !

Quelle folie de prendre le risque d'avoir froid, à cette époque ; aujourd'hui nous ne vivons que dans le virtuel par ordinateur interposé, c'est bien moins risqué.


Pour ma part, avec d'autres plongeurs autonomes, équipés de combinaisons étanches et de sous-vêtements chauds, je plonge seulement pour le plaisir, et pour ramener de beaux souvenirs.

Le coup de mer d'il y a dix jours a laissé une eau pas très propre, vous m'excuserez pour les particules sur les photos.
Nous nageons un peu en surface, avant de descendre sur un fond de 4m, de sable et de posidonies. Il faut s'y attarder un peu, il y a toujours des surprises dans les herbiers.

D'abord, un poulpe assez peu farouche.


Quand sa peau se hérisse, comme ça, c'est qu'il commence à s'énerver...


Il ne doit pas apprécier le flash des photographes ! Voilà qu'il nous fausse compagnie !


Quelles étranges créatures peuplaient les mers à cette époque ; nous avons bien fait de tout nettoyer et de tout assécher. Maintenant, on peut se consacrer pleinement aux vraies créatures des jeux de nos ordinateurs.

Continuons la ballade sous-marine. Sur le sable, un tout petit planaire rose se promène aussi, entre les coquillages.


Un bloc de béton sert d'accroche à un mouillage pour les bateaux en été.


Mais on a oublié sa présence, et que plus personne ne vient s'amarrer sur ce bloc perdu. Quelqu'un veut-il le récupérer pour nettoyer la mer ? Il n'y a pas d'empreinte de pieds dans le béton, c'est rassurant.

Il est nécessaire de préciser qu'une coutume consistait alors à emprisonner les pieds de personnes punies dans un bloc de béton, que l'on coulait au large ; nous n'avons pas trouvé comment les personnes pouvaient alors se libérer, ce devait être magique.

J'ai rattrapé un autre planaire rose ; j'ai un sacré l'entrainement grâce à la piscine, j'arrive même à le dépasser !


Des petites clavelines, cachées au pied des posidonies, ouvrent leur corolle.


Nous arrivons sur -10m de profondeur ; nous sommes partis en direction du large vers le Nord-Est et nous voilà dans une zone de sable, avec quelques roches dispersées, et de jolies gorgones blanches.
Fixés dans le sable, des spirographes se rétractent rapidement à notre arrivée.


Mais la visibilité n'est pas bonne, je ne peux pas attendre que la spirale du spirographe ressorte, sinon je vais perdre mes compagnons de vue...
Sur le sable, une petite seiche passe presque inaperçue.


Je fais signe à mes compagnons, et voilà la seiche sous les feux de la rampe !


Je m'éloigne un peu des flashs, intrigué par un petit tas de cailloux et de coquillages...


C'est la tanière de mini-poulpe ! Il conserve les coquilles, restes de ses repas, près de sa demeure.

Décidément, il n'y avait que d'horribles monstres à voir sous les mers ; la motivation de ces plongeurs reste un plein mystère encore aujourd'hui.

Nous continuons la descente et changeons notre cap, pour rejoindre la zone de coralligène au Nord-Ouest.


Une deuxième seiche, plus grosse que la première, est posée sur le fond ; elle n'apprécie pas non plus notre présence et s'éloigne tranquillement.

Nous voilà sur le coralligène, par -18m, c'est le domaine des crustacés et des nudibranches ! Le festival des limaces commence par une tylodine jaune.


Difficile à voir ? Attendez, je vais me rapprocher...


Elle est à l'envers, en train de brouter son éponge préférée.
Puis une première godive orange nous expose son panache magnifique, mais nous tourne le dos.


Une seconde godive orange se promène à l'envers.


Je m'attarde pour contempler un couple de spirographes, épanouis.


Ils ne se rétractent pas à mon approche, ils me connaissent bien, je viens souvent par ici !

Et puis, en clou du spectacle sous-marin, voilà un couple de flabellines blanches.


Tête bêche, c'est la position préférée des nudibranches amoureux !


Les escargots et les limaces étaient des animaux baveux ; ils étaient probablement à l'origine de la mousse qui se formait à la surface de la mer.

Mais nous avons perdu de vue un de nos compagnons ! Un petit retour un arrière... Il n'est pas là, il faut dire qu'on n'y voit pas très loin. Nous remontons lentement le long du tombant, faisons une petite pause à -3m, et faisons surface. Le plongeur perdu (pour lui, c'est nous qui nous sommes perdus) fait également surface à quelques mètres, comment ne l'avons-nous pas vu ? Nous nous rejoignons ; nous en profitons pour repérer où se trouve le coralligène par rapport à la côte, si nous voulons y aller directement depuis la surface. Nous décidons de gagner la côte à la nage en surface : s'il fallait compter sur un bateau pour nous ramener, il faudrait attendre le retour des galériens ; nous nous contenterons de 65 mn de plongée cette fois-ci !

Après la remontée depuis la plage presque déserte (quelques personnes sont venues profiter du soleil dominical à la plage), nous voilà au parking ; plusieurs plongeurs sont déjà partis regagner leurs pénates, mais il en reste une poignée d'irréductibles.


Mais que pensez-vous qu'il y eût sur la table pliante ? Des petits gâteaux, du café, du thé, et du muscat !

Quelle belle matinée de février...

Nous pouvons admirer un ciel d'un bleu trop naturel pour être vrai. Maintenant, sur nos ordinateurs, nous n'hésitons pas à corriger les couleurs de nos photos tridimensionnelles pour que les ciels aient leur vraie couleur violette d'antan. La semaine prochaine, nous vous présenterons un blog presque aussi ancien sur l'arrivée inopinée des voyageurs temporels extra-terrestres au fameux chronodrome d'Opoul.